À l’occasion de la Table Ronde « Croissance et Compétitivité » qui s’est tenue le 1er juillet dernier, à l’initiative du Club des Entreprises de la CCM, une cinquantaine de dirigeants d’entreprises du territoire sont venus débattre avec les politiques, à propos des nouveaux dispositifs mis à leur disposition, et qui favorisent l’emploi des jeunes et des seniors.
Autour de la table, se tenaient Bernard Fath, Conseiller Général et Maire de Léognan, Gilles Savary, Député de la Gironde et Vice-Président du Conseil Général de la Gironde, Christian Tamarelle, Maire de St Médard d’Eyrans et Président de la Communauté de Communes de Montesquieu, Jean-Michel Bedecarrax, Secrétaire Général de la Préfecture de la Gironde, Philippe Aurillac, Directeur Adjoint à la DIRECCTE Aquitaine, ainsi que deux représentants de la Direction régionale des finances publiques d’Aquitaine et du département de la Gironde : Bernard Ghys, Inspecteur divisionnaire des finances publiques et Nicolas Demonet, Directeur départemental. Jean Labant, Président du Club des Entreprises, et Marie-Christine Leblanc, Vice-Présidente en charge des relations avec les institutions, animaient la Table Ronde.
Le CICE (Crédit d’Impôt Compétitivité Emploi) est la première mesure gouvernementale prise dans le cadre du « Pacte national pour la croissance, la compétitivité et l’emploi » (lequel pacte comprend 35 mesures). C’est un des leviers identifiés par le Gouvernement pour redresser la compétitivité de la production française. Cette mesure est très ouverte, car elle concerne toutes les entreprises (à l’exclusion des auto-entrepreneurs) employant des salariés et relevant de l’impôt sur les sociétés ou de l’impôt sur le revenu, quels que soient leur taille et leur secteur d’activité ; elle a pour objectif de permettre à ces entreprises de réaliser une économie d’impôt substantielle. Pour 2013, cette économie équivaut à 4 % de la masse salariale, hors salaires supérieurs à 2,5 fois le SMIC. Et à partir de 2014, ce taux sera porté à 6 %. C’est un dispositif simple au niveau du calcul et du formalisme. À ce jour, plus de 4000 demandes ont déjà été effectuées (dont 55 dans le département) pour un montant total de 500 millions d’euros. Le CICE peut être utilisé pour investir, pour innover (dépenses R et D), reconstituer un fonds de roulement, etc. L’entreprise doit simplement indiquer dans ses comptes, l’usage qu’elle en a fait.
+ d’infos : www.cice-oseo.fr
Le Contrat de Génération : ce contrat est mis en place pour faciliter l’échange de compétences entre un junior et un senior. Il s’agit d’un pacte établi entre un jeune en recherche d’emploi, un senior et une entreprise. Ce pacte a trois objectifs : l’emploi des jeunes en CDI, le maintien dans l’emploi ou le recrutement de seniors et la transmission des savoir-faire. L’aide accordée varie selon la taille de l’entreprise. Pour des entreprises de moins de 50 salariés (y compris les entreprises individuelles), l’aide est de 4000 € par an, pendant 3 ans. Elle concerne l’embauche de jeunes de moins de 26 ans (ou de moins de 30 ans dans le cas de travailleurs handicapés), et de seniors de plus de 57 ans (ou de plus de 55 ans, pour les travailleurs handicapés). Le senior peut être le chef d’entreprise lui-même. Cette mesure pourrait permettre de remettre en selle des jeunes peu qualifiés, particulièrement touchés par le chômage.
+ d’infos : www.emploi.gouv.fr/dispositif/contrat-generation
Le Contrat d’Avenir s’adresse aux jeunes de 16 à 25 ans (ou jusqu’à 30 ans pour les travailleurs handicapés) peu ou pas qualifiés, à la recherche d’un emploi, et à titre exceptionnel, aux jeunes diplômés (jusqu’à Bac +3) résidant dans une zone urbaine sensible, une zone de revitalisation régionale ou en outre-mer, s’ils sont à la recherche d’un emploi depuis plus d’un an. Initialement proposée aux seuls employeurs du secteur non marchand, cette mesure concerne aujourd’hui toutes les entreprises. Les jeunes se voient proposer par l’entreprise un CDI ou un CDD de 1 à 3 ans, à temps plein, ainsi qu’une formation leur permettant d’apprendre un métier. Celle-ci peut s’inscrire dans le plan de formation de l’entreprise. L’employeur reçoit une aide de l’État à hauteur de 75 % de la rémunération brute mensuelle. Il bénéficie d’un conseil au sein de la mission locale pour construire le parcours de formation du jeune et pour obtenir une aide en cas de difficultés survenant au cours de l’emploi. Le Contrat d’Avenir est cumulable avec le CICE et le Contrat de Génération.
+ d’infos : travail-emploi.gouv.fr/emplois-d-avenir,2189
Le débat particulièrement nourri qui a suivi cette présentation des dispositifs, montre combien les entrepreneurs présents sont sensibles aux efforts faits en leur faveur, mais qu’il reste du chemin à parcourir pour assouplir les limites des dispositifs proposés : notamment, les limites d’âge peuvent être un frein dans le cas de jeunes en contrat d’apprentissage que le chef d’entreprise voudrait embaucher. Pourquoi inscrire dans la loi une limite d’âge si basse, alors que l’objectif est d’inciter à l’emploi des jeunes non qualifiés ?
Les politiques présents ont pris bonne note des questions posées et ont insisté sur la possibilité de combiner ces différentes mesures et de les faire intervenir à différents stades de la vie de l’entreprise.
La baisse du nombre des contrats d’apprentissage et la part prépondérante des entreprises du bâtiment et des services ont étés richement commentés par Yves Petitjean, chef d’entreprise à Saint Selve et Président de la Chambre des Métiers et de l’Artisanat.
Jean Labant conclut l’évènement en rappelant à l’auditoire, et particulièrement aux élus, l’intervention historique de Pierre Mendès France à l’Assemblée Nationale, le 3 juin 1953 : « Gouverner c’est choisir ». Un parallèle est esquissé entre la situation du chef d’entreprise qui est contraint de faire des choix dans le but de garder son entreprise à flot, et celle de cet homme politique exemplaire qui, en choisissant des mesures indispensables pour la nation, s’est rendu tellement impopulaire qu’il a été balayé du pouvoir en quelques mois.
Aucune des décisions prises par ce responsable politique courageux ne fut remise en cause et de nombreuses vies furent épargnées, notamment en Indochine. Aujourd’hui, presque plus personne n’est nostalgique du passé colonial de la France et nous pouvons nous souvenir que ce mandat fut couronné par ce que l’on a nommé les 30 glorieuses !
En résumé, Jean Labant a bien précisé aux élus que l’attente véritable des entreprises portait sur :
- La stabilité fiscale
- La stabilité réglementaire
- La possibilité de recruter du personnel en rapport avec les postes à pourvoir
Cette conclusion faite, la soirée s’est agréablement prolongée autour d’un apéritif offert par la Mairie de Léognan.
Article écrit par Catherine Marquèze, Un point