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Entretien du 22/4/13 avec Marie-Christine Leblanc, gérante de : APuissance3

 

« APuissance3 a tout juste 30 ans, en ce mois d’avril 2013 » nous explique Marie-Christine Leblanc, gérante de l’entreprise spécialisée dans la fabrication de matériels de mesure industrielle et contrôle de procédés, installée à Saucats. C’est en effet en 1983, que Mme Leblanc s’associe avec trois de ses relations professionnelles, pour créer l’entreprise en région parisienne. Associés, ils le restent jusqu’en 2011, année durant laquelle deux d’entre eux partent à la retraite ! Une belle et longue histoire que nous raconte Mme Leblanc.

 

Au commencement…

« Nous avions déjà une expérience solide du secteur, au sein de grandes entreprises ; à l’époque, le contexte de rachat/fusion qui était prédominant associé à notre envie d’entreprendre, nous ont poussés à créer APuissance3. 5 ans après sa création, alors que nous commencions à être à l’étroit dans nos locaux, nous avons décidé d’un commun accord de déménager en région Bordelaise. La qualité de vie (douceur du climat, gastronomie, larges possibilités de loisirs), l’accessibilité de cette métropole européenne, mais aussi la proximité d’un centre universitaire et technologique, ont été les moteurs de notre décision. » À son arrivée à Saucats, APuissance3 est la première entreprise à s’installer dans la Zone d’activité des Pins Verts.

 

Une activité indispensable à notre vie quotidienne

L’activité de APuissance3 est peu connue du grand public, bien que nécessaire à la production d’un bon nombre de produits que nous consommons ou utilisons tous les jours : « Nous sommes un fabricant de matériels électroniques de mesure industrielle et contrôle de procédés ; dès que l’on transforme une matière première pour en faire quelque chose (papier, agroalimentaire, cosmétique…), on utilise un procédé. Ce procédé doit toujours être reproduit à l’identique pour garantir une qualité constante du produit. Il s’agit par exemple de s’assurer que les mêmes conditions de températures, de débit, de niveau… sont respectées. Toutes ces informations issues des capteurs sont envoyées aux systèmes, par l’intermédiaire des équipements électroniques que nous fabriquons, afin que les actions nécessaires soient mises en place (refroidir un équipement, fermer une vanne…). »

APuissance3 a notamment développé une expertise ATEX, peu présente chez ses concurrents et reconnue sur le marché par ses clients et partenaires : « Nous concevons des matériels destinés à être installés dans des atmosphères explosibles : c’est-à-dire pour l’industrie pharmaceutique, le secteur oil & gaz (pétrole, gaz liquéfié ou comprimé), celui de la peinture (mastic, colle, adhésif), du cosmétique, du parfum, des lessives, des détergents, de l’alcool (bu ou utilisé dans des produits), des engrais, du traitement phytosanitaire, du capillaire, des arômes ou encore, toute industrie produisant des poussières combustibles (cacao, café, farines…). Ce marché est donc très vaste. Nos clients sont des grands comptes de l’industrie chimique tels que 3M ou Sanofi. Ces matériels sont soumis à un ensemble de règlementations et normes (directive ATEX), qui changent très régulièrement. C’est un investissement lourd que de suivre cette règlementation, mais c’est ce qui nous différencie sur le marché. Nous en faisons profiter nos clients puisque nous leurs proposons des formations professionnelles sur les applications de contrôle de procédés liées aux zones dangereuses ; nous y abordons les aspects réglementaires et normatifs, ainsi que les aspects concrets de mise en œuvre sur un site.»

Parmi les produits développés et fabriqués par APuissance3, on trouve des boitiers qui convertissent, communiquent des informations ou détectent des seuils, des transmetteurs, des sondes, des boitiers qui regroupent plusieurs des fonctions précédentes, des IHM (voyants, indicateurs numériques ou alphanumériques de message) ou encore des pinces de mises à la terre (elles permettent de mettre à la terre des contenants conducteurs, qu’une simple étincelle pourrait faire exploser).

 

Un processus de fabrication rigoureusement maîtrisé

Avec Mme Leblanc, nous parcourons les 500 m² que l’entreprise occupe à Saucats : pour produire, parfois avec une rapidité exemplaire, les commandes passées par les clients, les étapes de fabrication se succèdent avec une rigueur parfaitement maîtrisée : dans l’atelier de fabrication, hommes et machines très spécialisées (table de sérigraphie, machine de dépose, four à souder, bain d’étain et plomb en fusion…), travaillent de concert pour implanter, assembler et souder les composants sur les cartes. Après une phase de tests et de contrôles, une opératrice configure la carte selon ce que demande le client et implante le code-barres qui assurera la traçabilité du produit en amont et en aval. L’étape finale est l’assemblage du boîtier, l’étiquetage et le stockage ou la préparation de la livraison par Chronopost.

Nous terminons par la visite de la salle d’étalonnage (où l’on vérifie la conformité des appareils grâce à des étalons de mesure de tension/courant/résistance) et du laboratoire de compatibilité électromagnétique (où l’on s’assure que le rayonnement électromagnétique de l’appareil ne perturbe pas son environnement et vice-versa). Enfin, une dernière vérification consiste à valider que l’appareil ne subisse aucune perturbation de conduite (par les câbles). Dans le laboratoire R et D que nous traversons pour finir, des ingénieurs travaillent sur les maquettes de produits futurs qui seront proposés aux clients ou aux partenaires. Après validation, ces maquettes donneront naissance à un prototype.

 

Des éléments notables de différenciation sur un marché concurrentiel

« La majeure partie de nos ventes se fait en France, dont 8 % en Aquitaine. Notre part à l’export, de 21 % à ce jour, concerne notamment l’Allemagne qui est un très gros marché en Europe ; cette part augmente d’année en année et j’espère atteindre les 50 % d’ici quelque temps. L’Amérique est plus difficile à aborder, pour des raisons de différences d’approche, mais aussi de protectionnisme. Je ne désespère pas cependant de pénétrer aussi ce marché » précise Mme Leblanc, « Nous opérons sur un marché de niche, et certains de nos concurrents sont de grands acteurs internationaux. Nous nous différencions par notre expertise ATEX mais aussi par la qualité, la fiabilité et l’ergonomie de nos produits : les conditions dans lesquelles ils sont installés étant souvent difficiles (par exemple au-dessus d’une cuve), il faut qu’ils soient faciles à raccorder, à comprendre et à mettre en œuvre. Pour les appareils qui sont programmables, il faut que la programmation soit intuitive. Nous sommes aussi capables d’une grande réactivité. Aujourd’hui, lundi, nous venons de livrer 100 produits qui nous ont été commandés vendredi ; et ceci, dans le strict respect de nos processus de fabrication. Nous nous attachons aussi à suivre l’évolution des technologies afin de faire évoluer notre gamme : beaucoup de nos confrères ne sont pas encore passés à l’électronique. »

Mme Leblanc reconnait que ce secteur subit la crise : « En France, comme en Europe occidentale, on a constaté moins de création ou d’extension de sites industriels depuis octobre 2008. »  En conséquence, il faut s’attacher à fidéliser les 550 clients que compte l’entreprise chaque année et développer sa présence sur de nouveaux marchés. « Il faut éviter de rester immobile, trouver de nouvelles idées, en financer le développement et les proposer à nos partenaires constructeurs et installateurs. Cette cible indirecte est aussi à développer. »

 

Une PME à taille humaine, et qui compte le rester

L’entreprise compte actuellement 14 personnes dont 4 au service commercial, 3 ingénieurs R et D, 6 opératrices à la fabrication et 1 personne à l’administration des ventes. « APuissance3 est une PME dont les clients sont de très grands comptes. En face de ces clients, nous devons nous comporter comme une grande entreprise, en maintenant notre expertise et nos certifications, en montrant une santé financière stable et en nous développant à l’export, tout en conservant l’agilité qui nous caractérise face à nos grands concurrents. Je suis fière d’avoir pu proposer un outil de travail à une vingtaine de familles en moyenne, depuis 30 ans. C’est loin d’être facile : je n’aurais pas imaginé en démarrant que la règlementation allait évoluer aussi fréquemment et durcir à ce point ; si je l’avais su, cela m’aurait certainement fait réfléchir. À l’époque, j’ai sans doute perdu en salaire, mais j’ai gagné énormément en indépendance et en qualité de vie. »

Investie dans le tissu économique local, Mme Leblanc voudrait également mettre en place une plateforme d’échange avec les entreprises de la région, qui permettrait de partager des ressources techniques, des compétences, des matériels et des domaines d’expertise. « Ce serait très bénéfique pour les PME qui pourraient ainsi se développer, tout en limitant leurs investissements. »

 

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Zoom Entreprise écrit par Catherine Marquèze

Un point – Conseil en communication écrite, écrivain public

 

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